
INVINCTUS
DIMITRI FAGBOHOUN
21 janvier - 27 février 2022
GALERIE FELIX FRACHON, Bruxelles
Une proposition curatoriale de Félix Frachon
Rédaction du texte par Charlotte Lidon
« Beyond this place of wrath and tears Looms but the Horror of the shade, And yet the menace of the years Finds and shall find me unafraid. It matters not how strait the gate, How charged with punishments the scroll, I am the master of my fate : I am the captain of my soul » (1)
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Félix Frachon, Dimitri Fagbohoun explore la thématique de la résilience dans son opus Invictus.
S’il s’est inspiré du poème éponyme rédigé en 1888 par William Ernest Henley comme point de départ de sa réflexion, l’artiste en retient le caractère sacré et universel, thématique récurrente dans son œuvre. Les notions de possession, de domination mais aussi de dépassement de soi et de conquête de libertés sont au cœur de ses recherches. Le dialogue, entre héritages d’un passé colonial et forces de résistance, nous ouvre les voies d’une lecture affranchie des antagonismes :
Comment expier le passé, surmonter le trauma collectif et s’écrire un avenir commun ?
« Pourquoi tous ces morts au beau milieu de l’Afrique coloniale ? Pourquoi cet oubli incompréhensible ? Ce silence, que rien ou si peu ne vient troubler ? Les faits, pourtant historiques, se sont déroulés au vu et au su de tous, décidés en plein cœur de l’Europe consciente, documentée, active. Tout a été écrit, lu, dénoncé, prouvé, argumenté. A aucun moment, il n’a été possible de l’ignorer, même par courtoisie » (2).
«I am the Captain of my soul»
Willyam Ernest Henley
Dans la continuité du corpus Recollection dans lequel il s’est interessé à l’influence des arts dit « nègres » dans l’histoire de l’art occidental, l’artiste questionne ici les ambitions d’un seul homme au détriment de milliers d’autres.
Fidèle à son univers, la couleur noire prédomine sous de nouvelles formes. Des dessins, réalisés avec de la poudre d’or, évoquent les croisières noires et l’exploitation des mines de cuivre. Tels des esprits, les silhouettes évanescentes, nées d’un seul geste fugace, apparaissent sur le papier.
Alors que le buste en céramique du souverain, figure éternelle du père, porte le regard d’aujourd’hui sur l’histoire d’hier, l’homme opprimé, Nkissi « piqué » par la vie continue de marcher, porté par un esprit épris de liberté vers un nouveau monde qui s’offre à lui. Tel Invictus (invaincu) il ressort fortifié des épreuves qu’il aura traversé.
Issu d’un processus toujours en cours, entre interprétation personnelle et exploration de notre mémoire collective, dimitri Fagbohoun propose un regard pacifié sur l’histoire. L’exposition Invictus, regroupe des œuvres profondément sensibles, de portée universelle, car quoi qu’il advienne « I am the captain of my soul. »
Notes:
1. William Ernest Henley, Invictus, 1888. Passage du poème.
2. Marc Wiltz, Il pleut des mains au Congo, 2015
© courtesy Galerie Félix Frachon